Cosmétiques industriels vs cosmétiques bio : qu’en pensent les internautes ?

En février dernier, le magazine UFC-Que-choisir publiait une liste de 185 substances nocives présentes dans les produits cosmétiques industriels. Les réactions des consommateurs ont été très nombreuses sur la Toile suite à l’annonce de ces informations. Sont-ils plutôt réticents à l’idée d’utiliser des cosmétiques issus de l’industrie ? Quelle est leur opinion des cosmétiques bio dans ce contexte ? Grâce à notre outil de veille Opinion Tracker, nous avons pu analyser les prises de parole des internautes ainsi que les attitudes adoptées vis-à-vis de cette polémique.

Les internautes partagés sur les cosmétiques industriels

 

Thématiques : de quoi les internautes ont-ils parlé autour de cette polémique ?

Sans surprise, les thématiques les plus abordées par les internautes s’exprimant à propos des substances dans les cosmétiques sont celles de la « nocivité »* (26 %) et de la « composition » (21 %) des produits incriminés. Ils abordent l’aspect néfaste que peuvent avoir ces produits sur leur santé et détaillent les ingrédients qui les composent.

Thématiques

Thématiques abordées par les internautes au sujet des cosmétiques industriels

Plus surprenant, environ 15 % des internautes estiment que les substances décriées par l’article d’UFC-Que-Choisir ne présentent qu’un danger « négligeable » ou qu’elles sont en quelque sorte « inévitables » dans notre société industrialisée. Ils en minimisent l’impact : « “substances à risque modéré”. Risque = danger x exposition Il serait bon de rappeler que le danger n’est pas constant selon la quantité à laquelle on est exposé » (commentaire)

Les internautes prennent conscience de la nécessité d’agir autrement dans leur choix de consommateur en termes de produits cosmétiques, mais également de produits en général, dans 13 % des conversations relevées. Ces internautes en appellent à l’esprit critique des autres intervenants et insistent sur l’importance de consommer différemment.

Dans le même temps, et quasiment dans les mêmes proportions (11 %), on retrouve des critiques formulées à l’encontre des instances politiques. Celles-ci sont condamnées pour leur inaction réglementaire vis-à-vis des industriels du secteur cosmétique : « Merci Que Choisir… On se demande ce que fait Marisol Touraine et son ministère. » (commentaire)

A leur tour, les marques cosmétiques et les lobbies sont pointés du doigt par les internautes, quoique dans une moindre mesure (10 % des voix). On leur reproche essentiellement leurs « mensonges » à propos de la composition des produits et leurs « manœuvres souterraines » dans le but de pousser à leur consommation. « Catastrophe …. Même des marques dites de confiance #beauté nous grugent @ClarinsFR 😫 #perdreconfiance » (tweet)

Enfin, l’inquiétude pour la question environnementale apparaît comme une thématique émergente mais très peu abordée, au-delà de la nocivité pour la santé, peu d’internautes semblent s’intéresser aux conséquences écologiques de ces substances : « rien de bien nouveau, ça fait des années que l’alerte a été lancée ; en plus d’être dangereuses pour les enfants, ce sont des produits extrêmement polluants » (commentaire)

 

Comment ont-ils réagi ?

Si des internautes évoquent la thématique environnementale de façon véhémente, tous les internautes réagissent-ils de la même façon face à la polémique des substances nocives ?

Réactions

Répartition des types de réactions

La grande majorité des internautes s’insurgent de la dangerosité des cosmétiques industriels : 65 % de témoignages sont négatifs. Parmi ces messages, 23 % des internautes réagissent avec emportement et colère devant des avis rapportant des cas d’allergies ou de réactions à des produits cosmétiques : « Un pays qui laisse empoisonner ses enfants à perdu sa dignité et sa crédibilité » (commentaire)

D’autres internautes réagissent de façon moins acerbe tout en faisant part de leur dépit et de leur découragement face au modèle industriel qui serait un ennemi insurmontable : ils sont 27 % à réagir de cette façon.

Certains (18 %) assurent vouloir agir face à ces cosmétiques qu’ils jugent potentiellement dangereux. Ils témoignent dans leurs prises de parole d’une volonté de diminuer ou d’arrêter complètement la consommation de ce type de produits et donnent des conseils et des astuces pour s’en passer : « Non, il suffit de revenir au vrai savon de Marseille pour l’hygiène et, pour les femmes, il existe les cups, qui en plus d’être plus saines reviennent moins cher à l’utilisation et ne font pas de déchet ». (commentaire)

Mais si les mécontents sont nombreux, d’autres types de réactions ont pu être observés.

En effet, 13 % des internautes semblent douter des déclarations révélant la dangerosité ou la toxicité de certains composants des cosmétiques industriels. Certains internautes remettent en cause la méthodologie et les conclusions des associations de consommateurs et vont jusqu’à questionner les sources utilisées : « Il y a des substances toxiques partout. Dans l’eau que l’on boit, dans l’air que l’on respire, dans notre nourriture, etc…Si il faut psychoser dès qu’on voit un truc qui a l’air « pas très bon », on sera mort d’un ulcère bien avant de mourir de ces produits toxiques…Il faut simplement fixer des seuils à ne pas dépasser pour que l’impact sur la santé soit très limité. » (commentaire)

Une petite partie des voix (4 %) rentre même en complet désaccord sur la nocivité de ce type de cosmétiques et se place en « défenseurs » du modèle industriel : « N’empêche qu’ont vit quand même nettement plus longtemps et vieux qu’avant avec ces produits « nocifs »…» (commentaire)

Cosmétiques bio : un enthousiasme teinté de méfiance

 

Une opinion partagée

Face à la toxicité des cosmétiques industriels, une grande majorité d’internautes dans leurs prises de parole n’hésitent pas à mentionner les cosmétiques bio avec enthousiasme : ils sont 61%.

réactions

Typologie de réactions des internautes vis-à-vis des cosmétiques bio

Mais ce type de cosmétique n’est pas non plus épargné par la critique : 31% émettent des doutes ou des critiques sur le caractère « naturel » des cosmétiques : « En même temps, les lingettes n’ont aucune utilité. Toutes sont potentiellement dangereuses, même en « bio » où l’on y trouve des parfums allergisants voire des huiles essentielles dangereuses pour un bébé. »(commentaire)

Une très faible part d’internautes cite clairement des marques de cosmétiques bio qu’ils auraient adoptées.

Les marques bio surfent-elles sur la polémique ?

A la suite des enquêtes révélant la toxicité des cosmétiques industriels et des prises de parole qu’elles ont déclenchées, certaines marques de cosmétiques bio ont saisi l’opportunité de mettre en avant leurs produits et leur différence avec le modèle industriel.

Certaines marques comme Cilaos ont décidé de diffuser sur les réseaux sociaux les résultats de l’enquête de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Cela permet notamment à la marque de maintenir son cercle de clients fidèles en lui apportant la preuve de la dangerosité des cosmétiques industriels.

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Capture d’écran issue du compte Facebook de la marque Cilaos

 

D’autres marques comme Weleda ont fait le choix d’intégrer des résultats d’enquêtes (celle de l’UFC- Que Choisir et celle du WECF sur les cosmétiques pour bébés) au contenu de leur site internet et les utilisent comme point de départ pour développer un argumentaire commercial en faveur des cosmétiques naturels. Par ce biais, l’entreprise rappelle la composition naturelle de ses produits, son engagement dans le domaine écologique et donc la rupture qu’elle opère avec les cosmétiques incriminés.

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Capture d’écran issue du site de la marque Weleda

 

A la suite d’enquêtes révélant la toxicité des cosmétiques industriels, les prises de parole ont été nombreuses mais les avis partagés. Si les réactions véhémentes dénonçant la nocivité des produits et des substances qu’ils contiennent ont été multiples, le manque d’action politique ou la nécessité de consommer de façon plus réfléchie ont été des thématiques émergentes suite à la polémique. Les cosmétiques bio sont dans ce cadre vus par beaucoup comme une alternative efficace et fiable.

C’est pourquoi les marques n’hésitent pas à mettre en avant via leurs outils de communication les résultats d’enquêtes sur les cosmétiques industriels, apportant une nouvelle fois la preuve de l’importance et de la sincérité de leur engagement écologique. Mais les sceptiques demeurent nombreux face au modèle bio, comme le montrent les commentaires accusateurs de cette publication Facebook de la marque Weleda reprenant l’enquête d’UFC-Que choisir : « Pourtant il y a un soin weleda bébé qui n’est pas recommander tt juste passable ds une enquête récente ».

*Données issues d’un échantillon de 78 verbatims collectés grâce à Opinion Tracker.

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