La crise UberPop / Taxis vue sur les réseaux sociaux

Le mouvement de protestation des taxis français à l’encontre du dispositif UberPop, qui a parfois abouti à des confrontations lors de la manifestation à Paris le 25 juin, a eu un écho significatif dans les médias mais également sur les réseaux sociaux, où les internautes ont été nombreux à réagir. Grâce à notre outil de veille Opinion Tracker et l’étude des hashtags #UberPop et #taxis, il a été possible d’examiner et de quantifier leurs prises de parole et de dégager leur opinion sur ce conflit.

Ce qu’en pensent les internautes : humour et parti pris favorable à Uber

 

Afin de constater l’ampleur des conversations générées par le conflit UberPop/Taxis, nous lui avons opposé un événement tout aussi médiatisé : l’attentat en Isère, à Saint-Quentin-Fallavier le 26 juin. Ainsi, les messages notamment associés aux hashtags #Uber, #Uberpop et #taxis (courbe bleue) ont largement dépassé ceux faisant référence à l’attentat (courbe rouge) :

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Différents pics sont observables sur la courbe bleue : celui du 23 juin correspond à l’agression d’un passager UberPop à Lyon ; le plus conséquent datant du 25 juin coïncide avec la grève des taxis et à leur manifestation à Paris ; enfin, ceux datant du 26 juin correspondent à la demande du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve d’interdire l’activité d’UperPop.

Plusieurs thématiques ont été soulevées par les internautes lors de leurs interventions sur la Toile à propos du conflit.

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graphique des thématiques abordées par les internautes, issues d’un échantillon représentatif de 110 tweets, publiés entre le 22 et le 28 juin 2015.

Ainsi, un tiers des internautes fustige les violences perpétrées par les taxis dans leurs messages : « La logique des #Taxi : tabasser la concurrence.. #Shame #UberPop ». Plusieurs font également référence à l’agression d’Alexandre, un passager UberPop à Lyon, et en appellent au boycott ou déclarent que ce type d’actions ne fait que renforcer l’impopularité des taxis au profit des services d’Uber.

L’humour a été très utilisé par les internautes, notamment pour tourner en dérision le comportement des taxis : « Des conducteurs #UberPop ont tenté de piéger un #taxi en représailles, mais il n’est pas venu car “c’était trop loin” et “pas rentable” ». À noter également que le jeu de mots « Les taxis veulent le beurre et l’argent d’Uber », repris entre autres par le chroniqueur Jeremstar sur son profil Twitter, a engendré plus de 8 900 retweets sur la période.

Enfin, à noter que 17 % des internautes ont émis des critiques envers la compagnie de VTC. Son caractère « illégal », ainsi que la « concurrence déloyale » que représente le service UberPop vis-à-vis des taxis ont été plusieurs fois mentionnés.

L’analyse de l’échantillon nous a également permis de dégager le niveau d’adhésion des internautes à Uber par rapport aux taxis.

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Graphique du niveau d’adhésion des internautes à Uber

 

La majorité (54 %) d’entre eux soutient Uber dans le conflit qui l’oppose aux taxis, un tiers ne fait que s’exprimer de façon neutre à ce sujet sans prendre parti, et une part non négligeable des commentateurs (18 %) prend la défense des taxis contre le service de VTC.

Ce qu’en pensent les leaders d’opinion

 

Parmi les internautes qui se sont manifestés à propos du conflit opposant les taxis à UberPop, plusieurs influenceurs ont fait entendre leur voix.

Outre la chanteuse Courtney Love, qui s’en est prise au Président de la République dans un tweet après que son chauffeur Uber a été violemment pris à partie par des taxis (« François Hollande où es la putain de police ??? C’est légal ici d’attaquer les touristes ? Ramène tes fesses à l’aéroport », retweeté près de 11 000 fois), d’autres personnalités influentes se sont exprimées sur le conflit Uber/Taxis. Certaines d’entre elles, comme Cauet, Pierre Ménès, ou encore Stéphane Guillon ont choisi de le faire sur le ton de l’humour :

La sphère politique n’est pas en reste, bien que moins active sur les réseaux sociaux. Ainsi, la garde des Sceaux Christiane Taubira, qui est suivie sur Twitter par plus de 200 000 abonnés, évoque la décision de justice prise à l’encontre d’UberPop :  

 

Et Uber dans tout ça ?

 

Nous avons également analysé la façon dont s’est exprimé Uber sur les réseaux sociaux sur la période. Entre les 22 et 28 juin, Uber France a publié un certain nombre de tweets sur son compte @UberFR, suivi par près de 25 000 internautes.

Le 23 juin, après l’agression d’Alexandre, l’entreprise se montre compatissante dans un tweet en « exprimant toute sa solidarité » envers la victime tout en condamnant la violence qu’elle a subie, « inadmissible dans un État de droit ».

Puis, pendant la grève, le ton qu’elle emploie est plutôt « léger », en témoigne l’utilisation du hashtag #UberLove dans son tweet évoquant la grève des taxis :

À travers la publication d’une infographie rassemblant les « 10 vérités » sur UberPop, Uber souhaite également écarter les rumeurs sur les fonctionnalités de l’application et les conditions de travail des conducteurs UberPop. À noter par ailleurs qu’elle invite ses abonnés à la soutenir en signant une pétition mise en ligne sous le hashtag #ouiPOP sur son site internet et qui dénombre déjà plus de 117 000 signatures.

À aucun moment l’entreprise ne s’exprime sur les reproches qui lui sont faits et ne commente pas les décisions de justice. La plupart des tweets publiés pendant la période demeurent des messages relevant de la relation client.

À défaut de sortir vainqueur de la guerre contre les taxis sur le terrain légal, Uber remporte la bataille de l’image sur les réseaux sociaux. Elle essuie quelques critiques, mais la majorité des internautes se range à ses côtés, fustigeant dans la plupart de leurs messages la violence dont ont fait preuve les conducteurs de taxi pendant leur mouvement de grève. La toute récente annonce par Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France, de la suspension de l’activité d’UberPop sur le territoire pourrait faire évoluer la donne … affaire à suivre !

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